Piloter l’avenir d’une entreprise : Comment imaginer les futurs défis ?

05/07/2018

La gestion d’entreprise est en passe de devenir une sorte de punition tant l’écart se creuse de plus en plus entre les incertitudes externes (technologies, économie, politique, sociologie, concurrence, réglementation, …) et les capacités internes pour les maitriser (capital humain, organisation, outils,…).

Que l’on soit un monopole, un dominant, un protégé ou une PME, pourvu que l’on soit une entreprise, la question de la pérennisation se pose avec la même acuité. Le temps consomme toutes les évidences et pour beaucoup d’entreprises, le défi risque d’être plus porté sur des stratégies défensives pour continuer à exister que sur des stratégies offensives pour croître et gagner en volume et en rentabilité.
D’abord, parlons des menaces de façon plus précise et focalisons-nous sur 2 volets : L’impact des avancées technologiques et le destin du multilatéralisme. Sur le premier aspect, il y a une série d’innovations dont l’application pratique remettra en cause fondamentalement les relations entre l’entreprise et ses parties prenantes. Ainsi, la manière d’acheter, de vendre, de recruter, de payer, de se conformer à la réglementation, etc. est en constante redéfinition. En fait, c’est tout le modèle d’affaires des entreprises qui est chahuté par la révolution numérique. L’intelligence artificielle qui entre dans une phase de « prématurité » et le Big data vont accélérer les ruptures et précipiter la disparition de toutes les organisations restées assises sur leurs certitudes et leur tradition.
Sur le plan économique, le multilatéralisme est en train de passer du statut de doctrine et à celui d’un outil flexible et non fiable. Les états s’auto-accordent des dérogations et s’autorisent des déviations selon leur convenance. Les accords internationaux, jadis biblique deviennent de la simple littérature. Cela veut dire qu’il y a de plus en plus d’incertitudes et de moins en moins de confiance, autant de choses qui rendent difficile la visibilité stratégique à moyen etlong terme.
Je n’ai sans doute évoqué que le dixième des menaces qui planent sur le futur des entreprises et des états. Comment donc imaginer le futur de l’entreprise lorsqu’on est manager ?
Quand le monde change, soit on a la force de lui résister soit on s’aménage les conditions pour le suivre sans dommages. Le manager modèle de l’ère 2020 doit avoir 3 aptitudes clés : SMART-AGILE-FUTUR-ENSEMBLE (SAFE)
SMART parce qu’on est dans un monde où il faut de plus en plus avoir une intelligence situationnelle. Ça veut dire qu’il faut se mettre en situation de saisir des opportunités et de produire des résultats, plutôt que de se cantonner exclusivement à la rigueur de la conformité. Il faut oser casser des traditions et lancer des innovations, pourvu que la finalité soit porteuse d’avenir. Ils arrivent des moments dans un film, où c’est le cascadeur qui fait l’action. Pour le management, ce moment est arrivé. Il faut nécessairement prendre des risques ou se trouver une doublure (consultants) qui le fasse pour nous.
AGILE parce que plus il y a de l’incertitude, plus il faut s’attendre à faire des choses qu’on avait pas prévu et à ne plus faire des choses qu’on avait prévu. Dans une entreprise, il faut avoir en même temps des « gardiens du temple » qui garantissent la conformité et la sécurité et à coté, des« fous du village » qui s’autorisent toutes les libertés et défient toutes les contraintes pour bâtir de nouvelles frontières d’opportunités et se donner les moyens de les capturer et de les fructifier.
FUTUR parce que tout se passe demain et demain se prépare aujourd’hui. On ne peut pas être manager de l’ère 2020 et se contenter de dérouler le présent sans s’interroger sur l’avenir. Il faut être très mobilisé sur les enjeux futurs pour se donner les moyens de faire les anticipations nécessaires. La maitrise des technologies de l’information est un impératif pour tout manager. Il ne s’agit pas de devenir ingénieur mais de comprendre les enjeux en profondeur de sorte à pouvoir les considérer dans son action quotidienne et dans ses prévisions. De simples séminaires de mise à niveau peuvent suffire à acquérir ces compétences.
 
ENSEMBLE parce que des alliances sont indispensables pour produire de la valeur et partager l’effort de guerre, pour utiliser un langage martial, l’esprit de partage est un atout clé pour réussir ses projets. Ni l’individu, ni l’entreprise, ni le pays ne peuvent envisager de traverser en solitaire la tempête. Cela serait couteux, prendrait du temps et ne garantirait aucun résultat. Bien sûr, la bureaucratie traditionnelle a horreur du mélange des genres et préfèrent souvent s’enfermer dans le mirage des évidences désuètes qui veulent que La comptabilité soit aux comptables, l’état aux fonctionnaires, la santé aux médecins et la guerre aux militaires. Ces frontières ne tiennent cependant plus car le numérique rompt les exclusivités territoriales et fonctionnelles. Si on a pas le mental de celui qui partage pour s’enrichir, alors on n’est pas prêt à entrer dans l’ère 2020.
Le mot de la fin pourrait être : « le danger et l’incertitudecontiennent souvent le remèdede leur propre éradication ».
 
Ibrahima Nour Eddine DIAGNE
Economiste, spécialiste du numérique
Président African Performance Institute

 
 


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