Reconstruction post Covid-19 : Les recommandations de la Banque mondiale

03/06/2020


Protéger les services publics essentiels, apporter des ressources financières directement aux populations et soutenir le secteur privé sont autant de mesures qui permettront de limiter les dommages et de préparer la reprise. C’est ce que recommande la Banque mondiale dans un rapport publié hier.

La pandémie de coronavirus et la mise à l’arrêt de l’activité économique viennent porter un sérieux coup à l'économie mondiale, et en particulier aux pays les plus pauvres. Les pays en développement et la communauté internationale peuvent cependant agir dès maintenant pour accélérer la reprise après le pic de la crise sanitaire et atténuer ses effets négatifs à long terme, selon une analyse publiée aujourd'hui par le Groupe de la Banque mondiale dans le cadre de la dernière édition de ses Perspectives économiques mondiales, dont la version intégrale paraîtra le 8 juin prochain.

Selon le rapport, les interventions à court terme pour faire face à l'urgence sanitaire et protéger des services publics essentiels devront s'accompagner de stratégies globales pour stimuler une croissance durable, en s’attachant notamment à améliorer la gouvernance et le climat des affaires et à accroître le volume et l’efficacité des investissements dans l'éducation et la santé publique. Pour renforcer la résilience future de leur économie, nombre de pays devront se doter de systèmes qui leur permettent de créer et préserver plus de capital humain et matériel pendant la reprise, en recourant à des politiques qui prennent en compte et promeuvent, dans le contexte de l’après-pandémie, la nécessité de nouveaux types d’emplois, d’entreprises et de systèmes de gouvernance.

« L'ampleur et la vitesse avec lesquelles la pandémie de Covid-19 et la mise à l’arrêt de l’activité économique ont frappé les populations pauvres dans le monde entier sont sans précédent dans les temps modernes. Selon les estimations actuelles, 60 millions de personnes risquent de basculer dans l'extrême pauvreté en 2020. Et ce chiffre pourrait encore grimper, en fonction de l’évolution d’une situation qui dépendra principalement de la réouverture des économies avancées », déclare le président du Groupe de la Banque mondiale, David Malpass. Il a ajouté que les choix faits aujourd’hui, dans le sens d’une plus grande transparence de la dette, gage de nouveaux investissements, d’avancées plus rapides en matière de connectivité numérique et d’une extension considérable des filets sociaux
monétaires pour les pauvres, contribueront à limiter les dommages et à jeter les bases d’une reprise plus solide.

«La question du financement et de la construction d’infrastructures productives figure parmi les enjeux de développement les plus complexes pour la reprise post-pandémie. Il faudra prendre des mesures pour accélérer les processus de résolution des litiges et des faillites, ainsi que pour réformer des systèmes coûteux de subventions, de monopoles et d’entreprises d’État protégées qui ont eu pour effet de freiner le développement. », a-t-il dit.

« Lorsque la pandémie a frappé, de nombreuses économies émergentes et en développement étaient déjà fragiles en raison de niveaux d'endettement record et d'une croissance considérablement affaiblie.
En se conjuguant aux blocages structurels, ces handicaps vont amplifier les dommages à long terme des sévères récessions associées à la pandémie, alerte Ceyla Pazarbasioglu, vice-présidente du Groupe de la Banque mondiale pour le pôle Croissance équitable, finance et institutions.

« Les économies émergentes et en développement exportatrices de pétrole sont entrées dans la crise actuelle avec des situations budgétaires érodées après avoir puisé dans leurs réserves pour faire face à la chute des prix pétroliers en 2014-2016. Outre la crise de santé publique sans précédent, ces pays connaissent aujourd'hui un fort ralentissement économique en raison de l'effondrement de leurs recettes d'exportation, explique Ayhan Kose, directeur de la division Perspectives de développement à la Banque mondiale.
Adou FAYE


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